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Santé , bio-écolo , biodiversité , politique

Sommet humanitaire mondial : le premier pas dans l’avenir de l’aide humanitaire

Publié le 8 Juin 2016 par Luttons pour la biodiversité et contre la pollution

Sommet humanitaire mondial : le premier pas dans l’avenir de l’aide humanitaire

Aujourd’hui le monde est confronté à des besoins humanitaires de plus en plus importants. Guerres, sécheresse, violences et catastrophes ont produit plus de 125 millions de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire et d’une protection. Dans ce cadre, le Secrétaire général des Nations Unies, a annoncé en 2012 l’organisation d’un sommet humanitaire mondial qui a finalement eu lieu les 23 et 24 mai à Istanbul, en Turquie. L’objet de ce Sommet a principalement été d’identifier des solutions de remodelage du système humanitaire. En tant que premier bailleur de fonds mondial, l’Union Européenne s’est impliquée activement dans la coordination et la bonne réalisation du Sommet.

Le système humanitaire actuel se fonde sur la résolution 46/182 (1991) de l’assemblée générale des Nations Unies. Entre temps, les besoins humanitaires ont changé et augmenté dans un environnement de plus en plus complexe. Dans ce cadre, la communauté internationale doit s’engager afin de prendre en charge cette question en répondant aux besoins des gens qui sont touchés par les conflits et les catastrophes naturelles. C’est pourquoi, pour la première fois depuis la fondation de l’Organisation des Nations Unies (ONU), le Secrétaire général, Ban Ki- Moon, a convoqué un Sommet mondial sur l’action humanitaire. Cette initiative a été mise en œuvre par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies à la suite d’une préparation intense de trois ans et de nombreuses consultations ayant impliqué plus de 23.000 personnes provenant de 153 pays différents.

Pour la première fois depuis 70 ans, les Chefs d’États et de Gouvernements, les institutions, les organisations humanitaires, les victimes des crises humanitaire et les représentants du secteur privé se sont réunis le 23 et 24 mai à Istanbul, en Turquie, pour trouver des solutions face aux défis humanitaires les plus imminents mais également plus loin.

Le Secrétaire général a appelé les dirigeants du monde entier au changement en les invitant à réfléchir sur les responsabilités que, à son avis, la communauté internationale doit endosser pour prévenir et mettre fin aux crises et réduire les souffrances et la vulnérabilité des peuples. En effet, le « Programme d’action pour l’humanité », présenté par les Nations Unies en vue du Sommet humanitaire mondiale, présente cinq responsabilités fondamentales :

  • Prévenir et faire cesser les conflits : ce point fait appel à une impulsion politique soutenue et à un investissement dans des sociétés pacifiques et inclusives ;
  • Faire respecter les normes qui protègent l’humanité : le droit international doit être mieux respecté afin de réduire les souffrances humaines et protéger les civils ;
  • Ne laisser personne de côté : ce point est au cœur de l’impératif humanitaire qui souligne que l’aide doit être garantie à tous ceux qui sont victimes d’une catastrophe ou d’un conflit ou en situation de risque et de vulnérabilité ;
  • Améliorer les conditions de vie : il faut mettre fin au dénuement grâce au renforcement des systèmes locaux pour la mise en autonomie des plus vulnérables, à l’anticipation des crises et au dépassement du clivage aide humanitaire-développement ;
  • Investir dans l’humanité : la communauté internationale doit investir ses moyens politiques, institutionnels et financiers, ses compétences et ses ressources aux services des plus vulnérables.

173 États membres, 55 chefs d’État et de gouvernement, environ 350 représentants du secteur privé et quelques milliers de personnes issues de la société civile et d’organisations non gouvernementales ont pris part au Somment. Ils ont discuté du programme présenté par les Nations Unies en donnant leurs contributions afin “d’œuvrer ensemble à inverser la tendance à l’accroissement des besoins humanitaires et à rendre la réaction aux crises plus efficace”.

Avec son rôle de premier donateur d’aide humanitaire à l’échelle mondiale, l’Union Européenne était en première ligne. A ce propos, chacune de ses institutions s’est engagée en préparant différents documents : des communications de la Commission européenne, un rapport du Parlement européen et deux conclusions du Conseil.

En effet, en Septembre 2015, la Commission a adopté une communication, intitulée « Préparatifs en vue du Sommet humanitaire mondial : un partenariat mondial pour une action humanitaire fondée sur des principes et efficace», qui présentait la vision stratégique de l’UE pour remodeler l’action humanitaire. Parmi les secteurs d’actions des principales priorités affirmées par l’UE, on trouve la réaffirmation des valeurs humanitaires, l’assurance d’accès à l’assistance, la protection au cœur de la réponse, l’efficacité de l’aide humanitaire, la subsidiarité et la solidarité, un financement efficace et suffisant et, une coopération accrue entre le secteur humanitaire et celui du développement. En outre la Commission a adopté une autre communication intitulée : « Lives in Dignity : from Aid-dependance to Self-reliance », qui expose les propositions de l’UE au soutien des personnes déplacées.

Lors du Sommet humanitaire mondial, la Commission, représentée par Mme Kristalina GEORGIEVA (vice-présidente chargée du budget et des ressources humaines), M. Neven MIMICA (commissaire chargé de la coopération internationale et du développement) et M. Christos STYLIANIDES (commissaire chargé de l’aide humanitaire et de la gestion des crises), a annoncé son soutien à l’ensemble des responsabilités fondamentales présentés par les Nations Unies et a pris en charge des engagements spécifiques qui prévoient une action concrète.

En effet, l’UE a salué le lancement du « Grand Bargain » (le grand compromis), une proposition lancé par le groupe de haut niveau du Secrétaire général de l’ONU chargé du financement humanitaire, qui a estimé le déficit de financement dans le domaine de l’action humanitaire à 15 milliards de dollars. Ce pacte d’efficience réorientera au moins un milliard de dollars dans les cinq prochaines années vers l’action humanitaire de première ligne menée “en coulisse par les donateurs et les organismes d’aide”, a reporté Mme. GEORGIEVA. En effet, il vise à accroître l’efficacité des investissements en destinant plus de ressources directement à ceux qui en ont besoin au niveau soit national soit local.

Concernant l’éducation, lors du sommet humanitaire mondial, l’UE a renforcé son engagement en annonçant une contribution de 5 millions d’euros à la plateforme « L’Education ne peut pas attendre», un fond qui vise à apporter une éducation de qualité aux enfants et aux jeunes touchés par les urgences et les crises humanitaires. Cette mesure souligne encore une fois le soutien de l’UE à l’éducation, considérée une priorité fondamentale. En effet, l’UE est l’un des premiers bailleurs à avoir atteint en 2016 l’objectif global des 4% de financement humanitaire destinés à l’éducation.

Ensuite, l’UE a reconfirmé qu’elle était en train de mobiliser une contribution sous la forme d’une subvention de plus de 500 millions d’euros à soutien des pays touchés par la crise actuelle de la sécurité alimentaire causée par El Niño. Ce phénomène est caractérisé par une hausse de la température à la surface de l’eau de l’est de l’océan Pacifique, autour de l’équateur qui cause des anomalies météorologiques à niveau global et des conséquences désastreuses pour la population. L’UE s’est engagée à financer des mesures d’urgence avec une première tranche de 125 millions d’euros en décembre 2015. Une deuxième tranche de 414 millions d’euros est en phase d’approbation.

Les représentants de la Commission, une fois que le sommet était terminé, ont souligné que le travail pour construire un partenariat globale viennent de commencer. Les défis auxquels on doit faire face sont complexes et les solutions pas simples. Il faut donc agir afin de transformer les engagements pris au cours du sommet dans une action concrète.

Cette opinion a été partagée par le Conseil de l’Europe qui a souligné par son Secrétaire général, M. Thorbjørn Jagland, l’importance de trouver à niveau global une solution à la crise des réfugiés, en préservant leurs droits et en supportant effectivement les pays plus touchés par ces flux migratoires. Du même avis, le représentant de la Sous-commission parlementaire des droits de l’homme, Enrique GUERRERO SALOM (S&D), qui, entre autre, a représenté le Parlement au Sommet. En donnant un feedback à sa Sous-commission dans la séance du 30 mai à Bruxelles, il a souligné que dans le cadre de la crise migratoire qui touche tout le monde et pas seulement l’Europe, on a besoin d’une meilleure structure humanitaire. Le sommet, a son avis, a été organisé au moment opportun. Toutefois, vu le large éventail des acteurs qu’y ont participé, il devient difficile d’obtenir des résultats concrets, surtout dans un contexte où, à son avis, l’UE n’est pas toujours bien identifié par l’institution de l’ONU. “Le sommet”, a-t-il ajouté, “a été le premier, un bon point de départ mais des actions sont encore nécessaires.” De la parte de l’UE, le député GUERRERO SALOM a sollicité un plan d’action qui met ensemble toutes les engagements pris (à Istanbul, Paris etc.) dans le cours de ces dernières années. Ensuite, il a demandé une prise de position des Nations Unies en septembre avec une résolution pour mettre en œuvre les décisions prises au Sommet humanitaire mondial.

Si le ton un peu critique a résonné à l’intérieur du Parlement, le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a salué positivement les environ 1.500 engagements pris en soulignant que “le Sommet humanitaire mondial a été un événement unique, tant sur le fond que sur la forme”. Il a ensuite célébré la communauté humanitaire pour avoir répondu à son appel dans une période où la souffrance humaine a atteint un niveau sans précédent. Toutefois, il a regretté que certaines pays, notamment ceux du G7 (à l’exception de l’Allemagne) n’étaient pas présents lors du Sommet. Enfin, il a conclu sa déclaration à la cérémonie de clôture en insistant sur le fait que “nous pouvons être fiers de ce que nous avons accompli ; nous devons maintenant aller plus loin, ensemble”.

Le chemin de l’avenir de l’aide humanitaire est long et sinueux, semé de difficultés et d’embûches que nous voyons s’amplifier de jour en jour. Plus que jamais une action concrète et durable est nécessaire à l’échelle mondiale et le Sommet n’est que le premier pas. L’UE, pour sa part, s’est montré disponible à s’engager dans ce chemin. Maintenant, c’est le moment : nous devons retrousser nos manches et transformer les engagements en une action efficace. En sa qualité de premier bailleur d’aide humanitaire à niveau globale, l’UE doit jouer un rôle important, respectant les positions prises pour mieux aider les personnes dans le besoin et appelant tous les leaders mondial à en faire autant.

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